Nous avons ici Stephen Gordon, un économiste, qui se penche sur le revenu de base universel (RBU). Il aborde la question du coût, certainement l'une des deux principales objections au RBU. On aurait espéré recevoir le témoignage spécialisé du professionnel sur cette proposition de politique publique.
Au contraire, j'ai trouvé l'article méprisant et le ton condescendant. Il s'intitule Vous savez, il y a une raison pour laquelle personne n'a encore un revenu annuel garanti. Le sous-titre: Le RMG Stade III - pas vraiment une blague, mais pas non plus une proposition à prendre au sérieux. Ses trois étapes de la compréhension du revenu minimum garanti sont : 1) l'incrédulité, 2) le militantisme zélé et naïf et finalement 3) le scepticisme sage et réprimé de ceux qui ont enfin compris. Cela me semble s'appliquer aux crédules. Les gens ne sont pas stupides, Dr.Gordon, ils sont mal informés. Ils comptent sur des universitaires comme vous pour combler le vide d'information. Je pense que le Dr Gordon n'est pas à la hauteur de sa mission ici.
Le Dr Gordon laisse ses opinions politiques entraver les sciences économiques. Je n'ai que faire de ce que Stephen Gordon pense être politiquement réalisable. C'est une question qu'il vaut mieux laisser à Justin Trudeau et à l'électorat. Ce que nous attendons d'un économiste, ce sont des faits et des analyses économiques fiables.
Notre économiste semble convaincu des avantages du revenu de base. Ils sont "certainement bien réels ", dit-il.
Ensuite, il se penche sur les coûts et déclare au sujet de la proposition de verser 2 000 $ par mois à chaque Canadien : "Combien cela coûterait-il ? La réponse est 800 milliards de dollars par an." Comment a-t-on calculé ?
C'est facile : 2 000 $ par mois X 12 mois X 35 151 728 personnes au Canada (selon le recensement de 2016) = 843 641 472 000 $.
Voici un économiste qui essaie de nous faire avaler que chaque homme, femme et enfant au Canada recevrait 24 000 $ par année sans payer quoi que ce soit en impôts.
Il admet plus tard que ce nombre ne comprend pas de récupération (clawback). Cependant, le chiffre de 800 milliards de dollars est maintenu sans discussion. Gordon se moque même des défenseurs du revenu de base parce qu'ils ne comprennent pas la signification de ce chiffre. C'est l'économiste qui a manqué à son devoir de mettre ce chiffre en contexte, d'expliquer que le coût d'une politique est son coût net. L'argent liquide est distribué, bien sûr, puis les impôts sont perçus, les économies sont réalisées par les bénéfices bien réels du revenu de base.
Faire une telle analyse est votre travail, Dr Gordon. Nous comptons sur vous pour faire votre travail. Ne pas le faire est, à mon avis, irresponsable.
Au lieu de cela, vous affirmez que le RBU est un objectif inatteignable "à moins que vous ne vouliez essayer de persuader les Canadiens de doubler leur fardeau fiscal actuel....". Encore une fois, c'est du ressort des sciences sociales et de la politique. Au mieux, vous pourriez contribuer à calculer combien les Canadiens seraient prêts à payer pour éliminer la pauvreté.
Plus tard, vous écrivez :
"Vous pouvez avoir des prestations généreuses à faible coût, mais seulement si elles sont axées sur les personnes à faible revenu et sont rapidement récupérées auprès des personnes à revenu élevé".
Des avantages généreux à faible coût. C'est exactement ce que nous recherchons. Et vous suggérez que vous avez la réponse.
En effet, vous ajoutez :
"Toutes les choses promises par les défenseurs de GAI[UBI] sont bonnes et valables en soit. Elles sont aussi impossibles à combiner en un seul forfait. À moins d'être prêt à préconiser une augmentation draconienne des impôts, la chose responsable à faire est d'abandonner le rêve impossible du RMG et de se concentrer sur ce qui est possible avec les niveaux actuels de recettes fiscales." [Nous soulignons]
Est-ce que qu'on peut appeler ça responsable d'abandonner ce qui est bon et ce qui vaut la peine d'avoir, sans se battre ?
Heureusement, d'autres économistes sont prêts à fouiller dans les données pour expliquer le comment plutôt que justifier que c'est impossible. Robin Boadway et al. ont produit une étude qui montre comment le revenu de base universel, soit 20 000 $ par année pour chaque adulte au Canada, pourrait être mis en œuvre sans augmenter les impôts. En tant qu'économiste, vous êtes bien placé pour commenter ce document.
Nous comptons tous sur vous.
L'article de Stephen Gordon a paru dans le National Post du 20 novembre 2017.
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