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L’impôt négatif: pas moins cher que le revenu de base. Exclure les riches: pas "plus progressif"



Beaucoup de gens ignorent que Milton Friedman a été interrogé au printemps 2000 sur ce qu’il pensait d’un revenu de base universel (RBU) par rapport à l’impôt négatif sur le revenu (INR) qu’il avait proposé, et voici ce qu’il a répondu : «Un revenu de base ou de citoyen n’est pas une alternative à l’impôt négatif sur le revenu. Il s’agit simplement d’une autre façon d’introduire un impôt négatif sur le revenu s’il est accompagné d’un impôt positif sur le revenu sans exemption. Un revenu de base de mille unités avec un taux de 20 % sur les revenus du travail équivaut à un impôt négatif sur le revenu avec une exemption de 5 000 unités et un taux de 20 % en dessous et au-dessus de 5000 unités.» En d’autres termes, un revenu de base associé à un impôt forfaitaire sur le revenu de 20 % équivaudrait à un impôt négatif sur le revenu assorti d’un taux d’élimination progressive de 20 %. Les deux sont considérés comme des garanties de revenu de base ou des «revenus garantis». Voici un exemple très simple: si je vous donne 20 dollars et que je vous demande 10 dollars d’impôt en retour, cela équivaut à vous donner 10 dollars et à ne rien vous demander en retour. Dans les deux cas, j’ai dix dollars de moins et vous avez dix dollars de plus. Le coût de chaque option, pour moi, est de 10 dollars, et, dans les deux cas, vous êtes assuré de recevoir dix dollars de plus après impôts.


Il est important de comprendre que le coût et le résultat distributif net d’une proposition de revenu de base et d’une proposition d’impôt négatif peuvent être identiques, mais nous devons creuser un peu plus pour voir qu’en fait (et cela en surprendra plus d’un et sera carrément nié par d’autres), même si les deux plans coûtent la même chose, le revenu de base peut en fait être mis en œuvre avec moins de charges administratives (donc à moindre coût) et d’une manière qui stimule davantage la productivité (c’est-à-dire être plus économiquement rentable) que l’impôt négatif. Si vous ne me croyez pas, continuez à lire jusqu’à la fin de ce billet.

Similitudes entre revenu de base et impôt négatif

Afin de nous assurer que nous sommes tous sur la même page, nous devons tout d’abord clarifier notre terminologie. Le revenu de base universel, ou revenu de base inconditionnel, ou simplement revenu de base est une forme de revenu garanti ou de revenu de base garanti qui fournit une somme d’argent de manière inconditionnelle, universelle, régulière et individuelle. Tout le monde reçoit le même montant, à la même fréquence, quelle que soit sa situation d’emploi. Aux États-Unis, le seuil de pauvreté étant fixé à 14 580 dollars en 2023, disons que le revenu de base est de 1 200 dollars par mois. Un impôt négatif sur le revenu est également une forme de revenu garanti qui fournirait, par exemple, 1200 dollars par mois à ceux qui n’ont aucun revenu et qui comporte une certaine dégressivité, de sorte que, pour chaque dollar de revenu gagné, une fraction de dollar est perdue dans le paiement de l’impôt sur le revenu.


Un impôt négatif de 1 200 dollars par mois avec un taux d’élimination progressive de 50 % signifierait qu’une personne à revenu nul à qui l’on proposerait un emploi rémunéré à 1 200 dollars par mois perdrait 600 dollars de son impôt négatif mensuel, ce qui lui laisserait 600 dollars d’impôt négatif et 1 200 dollars de salaire, soit un total de 1 800 dollars par mois. Si l’on compare ce résultat à celui de l’aide sociale traditionnelle, où une personne bénéficiant de 1200 $ d’aide sociale par mois et acceptant un emploi rémunéré à 1200 $ par mois pourrait se retrouver avec un total de 1200 $ par mois pour avoir accepté cet emploi, sans que sa situation soit améliorée, on constate que le principal problème de l’aide sociale traditionnelle est qu’elle peut entraîner des taux marginaux d’imposition (TMI) très élevés, auxquels même les plus riches ne sont jamais confrontés. Le taux marginal d’imposition est, dans le jargon des économistes, le pourcentage que l’on vous retire en impôt sur le prochain dollar que vous gagnez.


La plupart des gens comprennent que si quelqu’un gagne 80 000 dollars par an et que le prochain dollar qu’il gagne est imposé à un taux de 80 %, il ne voudra peut-être pas gagner ce dollar, par rapport à un taux d’imposition de 20 %. Cependant, la plupart des gens ne semblent pas comprendre qu’il en va de même en ce qui concerne l’aide sociale et la perte des avantages sociaux qui survient lorsque les bénéficiaires augmentent leurs revenus. Si une personne gagne 12 000 dollars par an et que le prochain dollar qu’elle gagne est essentiellement taxé à 80 % en raison de la perte des prestations, elle ne voudra peut-être pas gagner ce dollar, alors qu’un taux d’imposition de 20 % maintiendrait l’incitation. Elle prend la même décision sur la base des mêmes choix que la personne qui gagne 80 000 dollars. Elle est imposée si lourdement qu’il peut être logique de ne pas gagner plus.


Un taux marginal d’imposition de 50 % décourage beaucoup moins le travail qu’un taux de 100 %. Si vous disposez de 1 200 dollars et que vous perdez 1 200 dollars en commençant un travail de 1 200 dollars, c’est un taux d’imposition de 100 % et une raison de refuser un emploi. Obtenir un bénéfice net de 0 $ pour un emploi revient à être payé $0 l’heure pour ce travail. Commencer avec 1200 $ et finir avec 1800 $ au lieu de 1200 $ pour accepter un travail est beaucoup plus logique pour la plupart des gens.


C’est également la raison pour laquelle un impôt négatif a tant plu à Milton Friedman et à un millier d’autres économistes dans les années 1970, lorsque nous avons testé plusieurs montants d’impôt négatif avec des taux d’élimination progressive différents à travers le pays dans des endroits comme Seattle, Denver, Gary et le New Jersey. Des conservateurs comme Nixon ont compris à l’époque que le fait d’imposer des taux marginaux élevés aux bénéficiaires de l’aide sociale avait un effet dissuasif sur le travail qu’une garantie de revenu de base pourrait réduire grâce à un taux moins élevé.



La question que les expériences d’impôt négatif des années 70 visaient principalement à explorer était de savoir quel était l’impact sur l’emploi d’un taux marginal de 50 % par rapport à un taux de 30 % et 70 %, ou à Gary, la différence entre 40 % et 60 %. Seattle a même testé une méthode de suppression progressive plus complexe comportant une fonction non linéaire qui imposait des taux plus élevés (jusqu’à 80 %) pour les revenus les plus faibles au fur et à mesure que les personnes gagnaient des revenus plus importants. Le montant du revenu fourni a également été testé pour voir comment un montant correspondant à 50 % du seuil de pauvreté se comparerait à des paiements plus importants de 75 %, 100 %, 125 % et 148 % du seuil de pauvreté.


En général, on s’attend à ce qu’un montant de revenu plus élevé associé à un TMI plus élevé ait des effets plus importants sur la réduction de l’emploi qu’un montant de revenu plus faible associé à un TMI plus faible.Toutefois, un montant plus élevé coûterait plus cher, de même qu’un TMI plus faible. Les chercheurs de l’époque ont donc voulu explorer ce que l’on pouvait attendre d’une mise en œuvre nationale fixée à un certain montant et d’une suppression progressive en menant une série d’expériences pionnières appelées «American Income Maintenance Experiments» (expériences américaines sur le maintien du revenu).


Je ne vais pas m’étendre sur les résultats et je recommande plutôt la lecture du remarquable résumé de Karl Widerquist, mais je dirai qu’il est utile de comprendre qu’une expérience conçue pour examiner l’impact d’un paiement mensuel de 500 $ associé à un TMI de 0 % va probablement augmenter l’emploi par rapport à un groupe de contrôle (comme cela a été le cas à Stockton et à Hudson), alors qu’un paiement mensuel de 1800 dollars assorti d’un TMI de 70 % (Seattle et Denver) entraînera probablement une baisse de l’emploi, à moins qu’il ne s’agisse d’un site de saturation comme l’ensemble de l’Alaska, où une communauté entière ayant plus d’argent à dépenser entraîne la création de plus d’emplois en raison de l’augmentation de la demande des consommateurs dans l’économie locale.

La façon dont la plupart des gens considèrent le revenu de base universel par rapport à l’impôt négatif est du point de vue du coût. Un économiste très sérieux vous regardera droit dans les yeux et vous dira qu’un impôt négatif est beaucoup moins cher qu’un revenu de base, car les gens reçoivent moins d’argent lorsqu’ils en gagnent davantage eux-mêmes, et il est évident que si l’État dépense moins d’argent qu’il ne l’aurait fait autrement, cela revient moins cher. Mais est-ce bien ce qui se passe? Dépense-t-on vraiment moins d’argent dans le cadre d’un impôt négatif? Coûte-t-il moins cher?

Prenons l’exemple de deux personnes. L’une touche 600 dollars par mois à titre d’impôt négatif et est assujettie à un impôt de 50 %. L’autre reçoit 1 200 dollars par mois sous forme de revenu de base et doit s’acquitter d’un impôt de 50 % sur ses revenus d’activité. L’impôt négatif est-il moins cher? La réponse est non. Il semble simplement moins cher parce que le paiement de leur impôt négatif a été imposé à un taux de 50 % et n’a pas été comptabilisé comme un impôt. Mais c’est exactement ce qu’il était. Il s’agit d’un impôt sur le revenu appliqué au paiement du bénéficiaire au lieu de son salaire. Les deux personnes ont été taxées à hauteur de 600 $ pour obtenir 1200 $. Les deux personnes se retrouvent avec 600 dollars de revenus en plus en raison de la combinaison du paiement et de l’impôt. Les deux personnes subissent la même désincitation au travail en perdant 50 cents pour chaque dollar gagné en salaire. Si l’on ne tient pas compte des coûts administratifs, le coût pour le gouvernement est le même pour chaque personne, car, dans les deux cas, le gouvernement perd 600 dollars.

Différences administratives

Cependant, nous ne pouvons pas ignorer les charges administratives. C’est en fait très important. En réalité, le fonctionnement d’un programme d’impôt négatif par rapport à un programme de revenu de base est soumis à des frais généraux, en dehors des paiements qu’il prévoit. Un programme d’impôt négatif est basé sur des estimations de revenus. Pour calculer le montant que vous devriez recevoir, le gouvernement doit avoir une idée de votre revenu. La façon la plus probable d’y parvenir est d’utiliser votre dernière déclaration d’impôts. Bien entendu, les revenus peuvent varier considérablement, de sorte qu’une ancienne déclaration de revenus peut indiquer un revenu supérieur ou inférieur à votre revenu réel. Les revenus peuvent même varier d’un mois à l’autre, ce qui nécessiterait également la possibilité de signaler ou de suivre l’évolution des revenus mois par mois. Il faudrait donc trouver un moyen d’actualiser les revenus chaque mois. La variation des paiements introduirait également des erreurs, ce qui nécessiterait des ajustements permettant à une personne de recevoir plus après avoir reçu trop peu, ou de devoir rembourser le montant qui était supérieur à celui qu’elle aurait dû recevoir.


La politique la plus proche d’un impôt négatif, et qui s’en inspire d’ailleurs, est le crédit d’impôt sur les revenus du travail (earned income tax credit ou EITC). Contrairement à l’impôt sur le revenu, qui ne prévoit qu’une suppression progressive, ce crédit d’impôt est assorti d’une introduction et d’une élimination progressives; en outre, alors qu’un impôt négatif serait versé tous les mois, le crédit d’impôt n’est actuellement versé qu’une fois par an. Ce programme étant géré dans le cadre de l’impôt, toute personne souhaitant en bénéficier doit remplir une déclaration d’impôt. Étant donné que de nombreuses personnes ont besoin d’aide pour remplir leur déclaration d’impôt, les personnes qui ont droit au crédit perdent entre 13 % et 20 % de leur allocation en frais de préparation de la déclaration d’impôt, ce qui se traduit par des frais généraux moyens de 11 %.


Considérons maintenant une stratégie de type revenu de base. Tout le monde reçoit le même montant. Aucun rapport ou suivi des revenus n’est nécessaire. Pas besoin de frais généraux supplémentaires. Le calcul est effectué au moment de la déclaration d’impôts en utilisant les mêmes fonds que ceux déjà utilisés pour la déclaration d’impôts. Les frais généraux de la Sécurité sociale sont de 0,5 %. Les frais généraux du revenu de base seront sans doute encore plus bas et pourront être gérés par l’infrastructure existante de la Sécurité sociale. Il est extrêmement efficace de déposer directement deux cents millions de paiements, surtout lorsque les montants sont identiques.


La couverture de la Sécurité sociale est également supérieure à celle du crédit d’impôt sur le revenu gagné (Earned Income Tax Credit) qui, en moyenne, exclut une personne sur cinq qui remplit les conditions requises pour en bénéficier et se trompe dans le calcul d’un paiement sur quatre.


On peut donc supposer, sur la base de cette réalité, qu’un impôt négatif aurait également un taux d’erreur élevé et exclurait un pourcentage important de personnes dans le besoin qu’un revenu de base n’exclurait pas, uniquement en raison des obstacles moindres pour le versement de fonds par l’intermédiaire de la Sécurité sociale plutôt que par le fisc.


Nous devrions chercher à maximiser la quantité d’argent fournie aux bénéficiaires par rapport aux intermédiaires et à minimiser les efforts requis pour la fournir. Compte tenu de la complexité administrative requise pour effectuer les paiements et corriger les éventuelles erreurs, le coût d’un impôt négatif et d’un revenu de base pour des résultats distributifs identiques n’est pas le même. L’approche revenu de base est moins coûteuse. Différences de taux marginaux d’imposition Le détail le plus important à comprendre est qu’il est insensé d’appliquer un taux marginal d’imposition inutilement élevé aux bénéficiaires ayant des revenus faibles ou moyens. Les coûts de l’impôt négatif et du revenu de base peuvent être identiques. En revanche, les personnes qui paient les impôts ne sont pas les mêmes, ce qui peut également se traduire par des différences de productivité et donc de croissance économique. Si l’on compare un impôt négatif qui applique à une personne un taux marginal de 40 % à un revenu universel qui lui applique un taux marginal de 10 %, les coûts nets peuvent être identiques, mais l’approche de l’impôt négatif aura un effet dissuasif plus important sur le travail de cette personne, ce qui fera que l’impôt négatif réduira le travail et que le revenu universel l’accroîtra.


L’impact sur la croissance de l’économie varie également en fonction de qui effectue les dépenses. Si un impôt négatif signifie que les 20 % les plus pauvres reçoivent un coup de pouce moins important que s’ils bénéficiaient d’un revenu universel associé à un impôt progressif. Ces économies auront des profils différents. L’économie de l’impôt négatif aura plus d’impôts au bas et au milieu de l’échelle. L’économie du revenu de base verrait plus d’impôts au sommet, car l’élimination progressive de l’impôt sur le revenu aura toujours moins d’impact sur les personnes au sommet que les impôts sur le revenu de base, les plus riches ne payant jamais d’impôts sur l’élimination progressive de l’impôt sur le revenu de base. Seuls ceux qui se situent dans la fourchette d’élimination progressive le font.

Un exemple réel de politique permettra d’illustrer les points susmentionnés : comparons le crédit d’impôt pour enfant à l’allocation universelle pour enfant. Le crédit d’impôt pour enfants est assorti d’une taxe d’élimination progressive de 5 %. Pour les couples mariés avec enfants, l’impôt frappait les personnes déclarant des revenus entre 150 000 et 400 000 dollars. Si toutes les personnes situées dans cette fourchette avaient été imposées pour atteindre le même objectif fiscal, non seulement les parents mais aussi les adultes sans enfants, le taux aurait pu être plus proche de 2 %. Si toutes les personnes dont les revenus sont supérieurs à 150 000 dollars avaient été imposées pour atteindre le même objectif, de sorte que les personnes gagnant plus de 400 000 dollars n’étaient pas exclues de l’imposition, le taux marginal aurait pu être inférieur à 1 %. Si nous voulons mettre en place une allocation universelle pour les enfants où chaque enfant reçoit 300 dollars par mois, est-il plus logique d’appliquer un taux de 5 % uniquement aux parents qui se situent dans la fourchette d’élimination progressive (ce qui exclut les riches) ou un taux de 0,6 % à tous ceux qui se situent au-dessus du point de départ de l’élimination progressive souhaitée (ce qui inclut les riches)? Lorsque l’on considère les éliminations progressives comme des impôts, il est plus facile de comprendre que la question est en fait la suivante : «Devrions-nous trouver un moyen de taxer moins les riches en taxant davantage la classe moyenne?» Si vous répondez par l’affirmative à cette question, vous devriez préférer les éliminations progressives, et donc les approches de type impôt négatif ou revenu garanti. Si vous pensez que l’augmentation de la charge fiscale devrait peser davantage sur les riches que sur la classe moyenne, alors vous devriez préférer l’approche du revenu universel. C’est la nature même des programmes universels par rapport aux programmes ciblés. Est-il commode pour les riches que tant de gens croient à tort que les approches ciblées sont plus progressives, bien qu’elles imposent moins de charges aux riches et offrent moins d’avantages à la classe moyenne que les approches universelles?



Pour que personne ne termine cette lecture sans avoir compris que le revenu de base universel est en fait moins cher et peut réduire les inégalités davantage qu’un impôt négatif sur le revenu ou qu’un revenu garanti progressivement supprimé, voici une autre expérimentation conceptuelle.


Imaginons que cinq personnes décident de jouer au Monopoly. Chacune d’entre elles commence avec des revenus différents, à savoir : 0 $, 50 $, 100 $, 200 $ et 1 000 $. Supposons que nous voulions mettre en place un impôt négatif sur le revenu dans le cadre du jeu, de sorte que les joueurs reçoivent un revenu de 50 $ avec un taux de suppression progressive de 10%. En passant le Go, le joueur 1 recevrait 50 $. P2 recevra 45 $. P3 recevra 40 $. P4 reçoit 30$. P5 recevrait 0 $ et paierait un nouvel impôt de 165 $, ce qui correspond à un impôt de 16,5%.


Comparez cela à une approche fondée sur le revenu de base, où chaque joueur reçoit 50 dollars, mais où l’imposition progressive est appliquée de telle sorte que P1 et P2 paient une taxe de 5 %, P3 et P4 une taxe de 10 % et P5 une taxe de 21,7 %. P1 paierait 0 $ d’impôt, P2 paierait 2,50 $, P3 paierait 10 $, P4 paierait 20 $ et P5 paierait 217,50 $. Avec ce modèle, P5 a une charge fiscale plus élevée et P1 et P2 ont une charge fiscale plus faible parce que les taxes d’élimination progressive ont été déplacées vers le haut, laissant les joueurs ayant le moins de revenus avec un bénéfice net plus important après impôts. En outre, les joueurs 1 et 2 sont soumis à un taux marginal d’imposition plus faible, de 5 % au lieu de 10 %. P5 est assujetti à un taux marginal d’imposition de 21,7 % contre 16,5 %, et le taux d’imposition effectif de P5 est en fait de 16,75 %, car son revenu universel de 50 $ fonctionne comme un crédit d’impôt. Est-ce suffisant pour arrêter de jouer malgré le fait qu’il dispose de trois fois plus d’argent que le deuxième joueur le plus riche? Est-ce plus préoccupant que le fait que P1 soit trop fauché même pour jouer au jeu?


Différences de méthodes fiscales Ma raison personnelle de préférer le revenu universel à l’impôt négatif est la possibilité d’utiliser d’autres taxes que l’impôt sur le revenu. Un impôt négatif peut bien sûr être combiné avec n’importe quel impôt, mais il s’agira toujours de l’impôt en question en plus d’un impôt sur le revenu qui s’éteint progressivement. Un revenu universel peut être conçu de manière à n’utiliser aucun impôt sur le revenu et à ne recourir qu’à des taxes telles qu’une taxe sur la valeur foncière, une taxe sur les transactions de paiement automatisées, une taxe progressive sur la consommation, une taxe sur le carbone ou toute autre taxe pigovienne, comme une taxe sur la valeur ajoutée, ou toute autre taxe qui n’est pas un impôt sur le revenu. Au fur et à mesure que progresse la technologie de I'intelligence artificielle et que le capital remplace le travail, il deviendra de plus en plus important de taxer d’autres éléments que le revenu. L’impôt négatif ne peut échapper à l’impôt sur le revenu. Il imposera toujours le revenu, car il s’éteint progressivement en fonction de celui-ci. Son destin est inscrit dans son nom : l’impôt négatif sur le revenu.

Prenons l’exemple d’une taxe sur la valeur foncière, qui n’est pas une taxe sur ce qui est construit sur le terrain, mais uniquement le terrain lui-même. Milton Friedman la considérait comme «la moins mauvaise des taxes». Le taux d’imposition de la taxe sur la valeur foncière imposée à toute personne qui ne possède pas de terrain est nul. Il suffit de penser à la différence de propriété foncière entre les individus/sociétés riches et les communautés noires qui ont souffert pendant des siècles d’une exclusion systémique de l’accès à la propriété. Tous les locataires seraient soumis à un taux d’imposition marginal de 0 %. Tous les propriétaires fonciers ne verraient leurs impôts augmenter que s’ils achetaient plus de terres, et non s’ils travaillaient plus. La valeur d’un terrain étant créée par la communauté et toutes les choses qui l’entourent, il est plus logique de partager cette valeur de manière égale (revenu de base). Ce qui serait moins logique, c’est de faire varier le montant fourni à la communauté en fonction du revenu et, ce faisant, d’appliquer un taux d’imposition marginal tout à fait inutile sur le revenu (impôt négatif).




Un autre exemple est celui de toute forme de taxe sur la consommation. Tout le monde pourrait travailler davantage sans être taxé davantage. En revanche, les impôts augmenteraient avec la consommation. Plus les gens dépensent de l’argent, plus ils paient d’impôts. Plus les gens épargnent ou investissent, moins ils paient d’impôts. Avec le revenu universel, ceux qui consomment le moins conserveraient une plus grande partie de leur revenu universel et de leur revenu de travail, tandis que ceux qui consomment le plus perdraient une plus grande partie de leur revenu universel et de leur revenu de travail. Prenons l’exemple d’une TVA de 10 % et d’un revenu universel de 15 000 $. Cela pourrait signifier que toute personne dépensant moins de 150 000 dollars bénéficierait d’un avantage net grâce au revenu de base, et que toute personne dépensant davantage paierait plus d’impôts. La combinaison est essentiellement une taxe négative sur la consommation. L’utilisation de l’impôt négatif sur la consommation avec la TVA au lieu du revenu de base entraînerait un taux marginal d’imposition sur le revenu tout à fait inutile.




Prenons également le cas de l’Alaska et de son revenu de base universel sous forme d’un dividende annuel distribué depuis 1982. Imaginez qu’on ait essayé de distribuer les revenus pétroliers sous la forme d’un impôt négatif sur le revenu? Cela aurait peut-être même été jugé inconstitutionnel, tout comme le plan initial visant à faire varier les paiements en fonction de la durée de résidence a été considéré comme une violation des droits à la protection de l’égalité. Les autorités ont donc opté pour une distribution à parts égales. Il est tout simplement plus logique d’utiliser le revenu de base avec des méthodes fiscales autres que l’impôt sur le revenu. Différences psychologiques Il existe une autre raison de préférer le revenu de base à l’impôt négatif: il s’agit d’une raison d’ordre psychologique. La perte de prestations est plus douloureuse que le paiement d’impôts. Sur le plan psychologique, il n’est pas équivalent de perdre 10 dollars de son impôt négatif que de conserver 20 dollars de revenu universel et de perdre 10 dollars en impôts. Lors d’une expérience menée à l’université d’Essex, des sujets ont été invités à effectuer une tâche en échange de paiements, qui ont été taxés. Un groupe a payé l’impôt à partir d’un avantage en espèces reçu à l’avance (condition impôt négatif), et un autre groupe a payé l’impôt à partir de ses revenus pour la tâche (condition revenu de base). Bien que l’origine de la taxe ne devrait pas avoir d’importance si le résultat net est le même, ce fut le cas. Les personnes à qui l’on a demandé de payer l’impôt sur leur prestation initiale plutôt que sur leurs revenus étaient environ trois fois plus susceptibles d’arrêter de travailler prématurément. Cette constatation peut s’expliquer par l’aversion pour la perte, qui fait que les gens sont plus réticents à perdre ce qu’ils ont que désireux de gagner quelque chose de plus. Si l’on applique ce principe à l’impôt négatif et au revenu universel, il est possible que, même avec un résultat et un taux d’imposition marginal identiques, les gens soient moins motivés à augmenter leurs revenus en voyant leur impôt négatif diminuer qu’en recevant un revenu universel qui ne diminue jamais. Des recherches supplémentaires sont nécessaires. Différences politiques Ceci étant dit, il y a une raison pour laquelle un impôt négatif pourrait être considéré comme supérieur à un revenu universel, et c’est la réalité politique du contexte national dans lequel les deux politiques sont discutées. La plupart des gens ne liront jamais ce billet et ne comprendront jamais pleinement à quel point ces deux politiques sont similaires et pour quelles raisons le revenu de base unique l’emporte sur l’impôt négatif. Il se peut donc qu’il soit politiquement plus facile de faire passer un impôt négatif dans la loi en se basant sur le manque de compréhension du revenu de base. Je ne considère pas cette solution comme optimale, mais je la considère comme bien meilleure que l’absence de l’une ou l’autre de ces politiques. D’un autre côté, le revenu universel pourrait être politiquement plus populaire en s’adressant à tout le monde et en étant largement perçu comme un dividende et un héritage mérités. Si la discussion sur le revenu de base est centrée sur I'intelligence artificielle, un manque de compréhension du revenu universel et de l’impôt pourrait encore entraîner une préférence pour l’universalité. Si l’intelligence artificielle est considérée comme quelque chose que nous avons tous formé collectivement et que la technologie qui la sous-tend est considérée comme quelque chose que nous avons tous hérité de ceux qui nous ont précédés, est-ce qu’il est sensé d’utiliser l’impôt négatif comme mécanisme de distribution équitable des bénéfices à tout le monde?

Conclusion

J’espère qu’à ce stade, il est bien évident que, pour tout impôt négatif et tout revenu universel conçu pour avoir un impact distributif identique, le revenu universel est techniquement moins cher en raison des charges administratives moins élevés, et que tout impôt négatif ou modèle de revenu garanti à suppression progressive impose une taxe aux personnes ayant des revenus faibles ou moyens qu’un revenu universel pourrait transférer aux personnes ayant des revenus plus élevés. L’approche du revenu universel n’a pas besoin d’imposer le revenu de qui que ce soit et tient compte de la psychologie de l’aversion pour les pertes. Elle peut même être communiquée sous la forme d’un dividende.


Bien que très similaire à l’impôt négatif, le revenu de base universel inconditionnel est tout simplement une meilleure façon d’augmenter les revenus, de diminuer les taux marginaux d’imposition pour les personnes à revenus faibles et moyens et d’augmenter les impôts pour ceux qui gagnent, consomment et possèdent le plus, c’est-à-dire les riches.


Traduction: Pierre Madden. La version originale anglaise se trouve ici

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